1 - Les enjeux

✔️ L’alimentation occupe plus que jamais une place centrale dans les politiques publiques nationales et internationales et elle reste une préoccupation majeure des consommateurs. En effet, la « malnutrition » touche un nombre grandissant d’habitants dans de nombreux pays ; par « malnutrition », on entend les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. Une alimentation saine, équilibrée, source de plaisirs, vectrice de valeurs culturelles et de plus en plus porteuse d’éthique favorise le maintien des populations en bonne santé. L’acte de se nourrir et de manger revêt des composantes hédoniques, sociales et de santé. Garantir un accès pour tous à une alimentation de qualité et en quantité suffisante est toujours un challenge pour les prochaines années. C’est donc un enjeu de santé publique majeur y compris en Europe, la France (et INRAE en particulier) jouissant d’une notoriété en matière d’alimentation reconnue à l’échelle mondiale.

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✔️ L’obésité et la surcharge pondérale touchent une part importante de la population nationale (17% et 49% des adultes respectivement) et mondiale (13% et 39% respectivement) et sont fréquemment associées à des conséquences graves sur la santé, exacerbant la prévalence des maladies cardiovasculaires et du diabète de type 2. Très récemment, une très large étude a démontré les conséquences désastreuses de l’obésité sur la sévérité des symptômes d’une maladie infectieuse comme la Covid-191. L’obésité a aussi un impact économique fort en France puisqu’il est établi qu’elle réduit de 2.7% le PIB2, soit environ 65 milliards d’euros.

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✔️ La problématique des aliments dits « ultra-transformés » reste également majeure car il semblerait qu’un lien direct puisse être établi entre l’obésité et les maladies métaboliques et leur forte consommation 3–6. Ces aliments se caractérisent par un profil nutritionnel déséquilibré (trop de sucres, de gras ou de sel) et la présence de nombreux additifs ; ils sont produits via des procédés de transformation très impactants sur les nutriments (chauffage à haute température, extrusion, hydrogénation), sont constitués à partir d’ingrédients de piètre qualité et présentent des structures peu rassasiantes ne nécessitant pas un processus masticatoire important. Ils restent néanmoins très consommés du fait de leur praticité, leur faible coût et de la pression industrielle et commerciale.

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✔️ Par ailleurs, malgré un contexte général d’offre et de consommation alimentaire pléthorique, près de 9.3 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14.7% de la population nationale7 et ce sont plus de 5.5 millions de personnes qui doivent faire appel à l’aide alimentaire 8. Après 70 ans, le risque majeur n’est plus l’obésité ou les maladies dites de surcharge, mais la malnutrition protéino-énergétique ou dénutrition. Près de 700 000 personnes âgées souffrent de dénutrition, qu’elles soient en EPHAD ou à domicile. La nutrition préventive, en lien avec la biologie prédictive, permet de retarder la survenue des maladies chroniques, en particulier liées au vieillissement. Tous ces chiffres montrent qu’il est essentiel de proposer une offre alimentaire de qualité qui soit accessible, y compris aux plus démunis et qui soit sur mesure pour répondre aux besoins nutritionnels spécifiques des diverses populations.

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✔️ Un des enjeux majeurs à court terme est de favoriser une transition vers une alimentation durable pour la santé de l’Homme qui permette, à échéance de 2050, de nourrir 10 milliards d’habitants, qui soit saine et économiquement viable, tout en préservant la planète. L’alimentation constitue le premier poste responsable des émissions de gaz à effet de serre (GES), du même ordre de grandeur que le transport ou le logement. Il conviendra donc de proposer des innovations significatives en matière de développement de technologies (équipements, solutions numériques) ou de produits (proposer une alternative aux produits animaux en développant de nouvelles sources de protéines alternatives) contribuant à la diversification des régimes alimentaires et des modes d’alimentation dans un contexte de durabilité. Un effort particulier devra être fait pour limiter le gaspillage sur toute la chaîne, de la production à la consommation en passant par la transformation.

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✔️ En France, l’industrie agro-alimentaire est le 1er secteur industriel avec un chiffre d’affaires de 213 milliards d’euros. Elle est le 3ème contributeur à la balance commerciale nationale, avec un excédent annuel de 7 milliards d’euros. Notre industrie agro-alimentaire fait preuve d’un réel dynamisme dans l’innovation, la recherche et le développement. Toutefois, elle doit être en mesure de s’appuyer sur une recherche académique, portée par des dispositifs performants et innovants, qui occupe encore une place notable dans le monde en termes de publications en alimentation, nutrition et sciences des aliments. Cependant la France est passée de la 6ème place en 2000-2004 à la 13ème place mondiale en 2015-2019 (3.4 % des publications mondiales). Durant la même période, l’INRA (INRAE) est resté à la 3ème place mondiale des publications dans le domaine. Ainsi, aucune Infrastructure de recherche européenne ne peut se concevoir sans INRAE et sans la France.